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Ce que cache ton nom

Publié le par Yv

Ce que cache ton nom, Clara Sanchez, Éd. Marabout, 2012 (traduit par Louise Adenis)

Fredrik et Karin Christensen vivent paisiblement dans une petite ville près d'Alicante. Ce sont d'anciens nazis. Elle ancienne infirmière, lui ex-tortionnaire. Sandra est une jeune femme enceinte en plein questionnement sur son avenir, celui de son enfant. Le hasard veut qu'un jour tous les trois se rencontrent et nouent une relation petite-fille/grands-parents qui bénéficie à chacun d'eux. Julian est un vieil homme qui a passé sa vie, après avoir été déporté au camp de Mathausen, à rechercher  les anciens nazis cachés. Il vit en Argentine et sur les conseils de son vieil ami Salva, il atterrit dans cette petite ville, prêt à débusquer le couple Christensen. Il se lie lui aussi avec Sandra.

Ce roman part d'une idée excellente et débute sous les meilleurs auspices :"En sortant de là-bas [Mathausen], moi je voulais juste être normal, m'incorporer à l'humanité normale. Mais lui [Salva] m'avait dit que ce serait impossible, qu'il faudrait continuer à survivre. Et il avait raison, jamais plus je n'ai pu me doucher en fermant la porte à clé, jamais plus je n'ai pu supporter l'odeur de l'urine, pas même la mienne. A l'époque du camp, Salva avait vingt-trois ans et moi dix-huit, et j'étais physiquement plus fort que lui. Quand on nous a libérés, il pesait trente-huit kilos. Il était squelettique et pâle, mélancolique et très intelligent." (p.10) Très emballé, je me lance donc dans cette lecture avec envie et enthousiasme. Malheureusement, cette envie et cet enthousiasme furent vite refrénés. Que de propos inutiles et oiseux dans la première partie de ce roman ! C'est sans doute grâce à mon intelligence très au-dessus de la moyenne (avertissement : évidemment, c'est de l'humour, je ne suis pas "très au-dessus de la moyenne", plutôt "très largement au-dessus" !)  que j'avais compris que Sandra n'allait pas bien, qu'elle nouait une relation pas très saine avec les Christensen et que Julian n'allait pas se faire que des amis en Espagne. Je dis cela parce que l'auteure nous le rabâche tellement qu'à force j'ai fini par y croire moi à mon QI surdéveloppé ! Je serais franchement déçu voire abattu et même carrément dépressif si l'on me prouvait le contraire. Mais, je suis d'un naturel optimiste donc j'y crois à donf.

Toujours est-il que la très bonne idée de départ de ce roman est noyée dans des considérations peu importantes sur la grossesse, le tricot, les faiblesses qu'apportent l'avancée en âge, pas inintéressantes, certes, mais de nombreuses fois répétées. Alors, je me pose donc la question suivante : pourquoi écrire 444 pages là où 250 auraient largement suffi ? Un format plus compact aurait dynamisé le récit, donné du rythme et empêché l'esprit du lecteur (le mien au moins) de divaguer, de papillonner, de s'envoler vers des horizons lointains à certains moments (Est-ce que j'ai bien fermé le gaz ? Qu'est ce que je vais préparer à manger ce soir ? Je fais le ménage cet après-midi ou demain ? Demain, là, je lis ! Ah oui, à propos Yv, reviens dans ta lecture !)

Tout n'est pas mauvais bien au contraire, les personnages évoluent : il sont bien décrits à leurs différentes phases, Sandra, particulièrement et Julian aussi même si l'on peut remarquer pas mal de clichés et de stéréotypes. L'auteure sait installer des rebondissements pour retenir le lecteur, et placer des réflexions, des phrases fortes : "Avant de connaître Karin, il ne me serait jamais venu à l'esprit que le mal prétend toujours faire le bien. Karin affectait toujours de faire le bien, et avait fait de même lorsqu'elle avait tué ou aidé des innocents. Le mal ne sait pas qu'il est le mal, tant que quelqu'un ne lui arrache pas le masque du bien." (p.144) Le problème étant que ces passages plus "sérieux" doivent être repérés dans une littérature passe-partout. Point de recherche d'écriture ici pour retenir le lecteur.

Disons pour résumer que c'est un bouquin pas mal qui aurait pu être très bon voire excellent après un régime amaigrissant évident et un passage dans un salon de beauté pour embellir le style littéraire. Preuve que ce que je raconte est totalement subjectif, ce livre est un best-seller en Italie et en Espagne et a eu un prix (le Prix Nadal 2010). Mais s'il fallait se fier aux différents et nombreux prix...

Je tiens à remercier les Éditions Marabout et Thomas de My Boox pour ce partenariat en demi-teinte.

 

challenge 1%  thrillers

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L
j'ai bien aimé, moi !!
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Y
<br /> <br /> Et bien, ça en fait une <br /> <br /> <br /> <br />
E
J'avais justement envie de le lire ... Dommage !
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Y
<br /> <br /> Les avis divergent, mais d'après ce que j'ai lu la déception est présente chez beaucoup<br /> <br /> <br /> <br />
Z
L'idée est très bonne, dommage
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Y
<br /> <br /> Et oui, une belle idée de gachée <br /> <br /> <br /> <br />
A
Sommes-nous, nous français, des lecteurs trop exigeants ?
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Y
<br /> <br /> Je crois qu'on a notre lot d'écrivains qui font des bouquins pas terribles et dont on parle beaucoup et dans tous les médias "bien", je te laisse deviner les noms...<br /> <br /> <br /> <br />
L
Si il a eu le prix d'un joueur de tennis, alors là ...chapeau !
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Y
<br /> <br /> Et oui, à qaund le prix Zidane ou Karabatic (peut-être pas en ce moment) chez nous ?<br /> <br /> <br /> <br />
A
J'hésitais déjà un peu, là je n'hésite plus .. je passe. Quel dommage de gâcher un sujet aussi fort.
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Y
<br /> <br /> Et oui, très tentant au départ et finalement juste un "peut mieux faire"<br /> <br /> <br /> <br />
L
Je l'ai noté depuis un moment mais j'ai noté tant de choses que les longueurs inutiles me font un peu peur ...
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Y
<br /> <br /> Evitable pour moi<br /> <br /> <br /> <br />